Pour les propriétaires de chevaux, le terme « hard keeper » désigne un animal ayant des difficultés à maintenir son poids et/ou son état corporel. Cette condition, beaucoup plus fréquente qu’on ne le pense, résulte d’un ou plusieurs facteurs. Dans le travail quotidien d’un nutritionniste, la conception de programmes alimentaires et l’aide aux propriétaires de chevaux « hard keepers » se produisent fréquemment. Souvent, cette condition peut être directement liée à un problème de gestion.

Parasites
L’expérience montre que plus de la moitié des chevaux étiquetés « hard keepers » présentent un problème sévère de parasites. Un programme régulier de vermifugation est la base pour qu’un cheval puisse maintenir un poids correct et un bon état. Les parasites ne sont toutefois pas le seul problème associé aux « hard keepers ».

Dents
Pour qu’un cheval digère correctement son alimentation, il doit d’abord être capable de la mâcher correctement. La mastication décompose la couche externe des fourrages et des céréales. Cette action est essentielle pour augmenter la surface des composants alimentaires. Les enzymes digestives peuvent ainsi agir plus efficacement sur les aliments bien mastiqués. La capacité d’un cheval à mastiquer dépend de l’état de ses dents et de la conformation correcte de sa bouche.

Lorsque le cheval mâche, ses molaires frottent les unes contre les autres. Comme les dents supérieures sont légèrement plus larges que les inférieures, un motif d’usure se développe. Ce frottement peut former des bords tranchants qui endommagent les tissus mous de la joue et de la langue. Cette condition peut devenir suffisamment douloureuse pour affecter l’appétit du cheval. Là encore, la prévention repose sur une bonne gestion.

Les dents d’un cheval doivent être examinées au moins une fois par an. Pour ce faire, glissez votre pouce dans le coin de la bouche du cheval jusqu’aux molaires. Si des bords tranchants se sont formés, ils seront facilement visibles. Un vétérinaire peut les limer à l’aide d’un outil spécialisé ressemblant à une lime plate montée sur un long manche. Cette intervention simple est appelée « floating ». Beaucoup de « hard keepers » n’ont jamais fait examiner leurs dents pour ce problème courant.

Un cheval peut également présenter des problèmes de conformation de la bouche affectant sa capacité à manger. L’un des défauts de conformation les plus fréquents est la « parrot mouth » (mâchoire en bec de perroquet), caractérisée par des incisives supérieures dépassant les incisives inférieures, ce qui peut gêner la pâture ou la prise de concentrés. L’inverse, où les incisives inférieures dépassent, est appelé « sow mouth ». Ces problèmes peuvent être gérés en fournissant des aliments faciles à attraper avec les dents et la langue. Les chevaux présentant ces défauts de conformation ne doivent pas être utilisés pour la reproduction, car ces caractéristiques peuvent être transmises à leur progéniture.

Métabolisme
Moins courant est le cheval qui est simplement incapable de métaboliser suffisamment les nutriments qu’il consomme. Cela peut être lié à la génétique ou à divers problèmes physiques, la plupart ayant peu de solutions efficaces sans intervention vétérinaire. Pour un cheval présentant une inefficacité métabolique, une solution consiste à augmenter la densité énergétique de son alimentation, en incluant davantage de matières grasses et en surveillant attentivement les niveaux de vitamines et minéraux.

Certains propriétaires donnent à leurs chevaux un mélange de nombreux suppléments pour résoudre le problème d’un « hard keeper ». Un tel mélange peut agir à l’inverse de l’effet souhaité, car des produits non formulés pour être utilisés ensemble peuvent interférer les uns avec les autres, entraînant inefficacité, coûts élevés et éventuellement effets néfastes.

Solutions :

Gestion
Commencez par mettre à jour le calendrier de vermifugation et de vaccinations et faites contrôler les dents. Cela établit une base solide pour commencer un programme alimentaire destiné à amener le cheval à un poids correct pour sa taille.

Alimentation
Amener un « hard keeper » au poids approprié et maintenir son état exige un programme alimentaire adapté. Fournissez un niveau d’énergie digestible suffisant pour favoriser la prise de poids. Une fois le poids idéal atteint, ajustez le programme pour maintenir le poids en fonction de l’activité physique.

Pour la prise de poids chez un cheval adulte et en bonne santé, les niveaux d’énergie digestible peuvent être augmentés de 10 à 15 % grâce à un supplément riche en matières grasses dans la portion concentrée de l’alimentation. Si le cheval a tendance à être nerveux, essayez de réduire la quantité de céréales. Pour de nombreux chevaux, une réduction des glucides (céréales) a un effet calmant, permettant une meilleure utilisation de l’énergie pour maintenir l’état corporel.

Les matières grasses fournissent 2,25 fois plus d’énergie que les glucides ou les protéines. Une augmentation des matières grasses digestibles dans l’alimentation compense efficacement la réduction de la ration de céréales. Le son de riz stabilisé est particulièrement efficace pour fournir des matières grasses, de la vitamine E et aucun conservateur chimique.

Une fois le poids idéal atteint, le cheval peut être maintenu avec une ration formulée selon les recommandations du National Research Council (NRC) pour l’énergie digestible. Ces valeurs prennent en compte la maturité, le poids et la charge de travail du cheval et constituent un guide fiable pour les besoins nutritionnels. Un programme simple, incluant fourrage de qualité, eau fraîche, vitamines/minéraux et bonne source de matières grasses, satisfait les recommandations du NRC sans nécessiter un mélange complexe de suppléments.

Conclusion
Il n’est pas rare que des propriétaires résolvant des problèmes de « hard keepers » depuis des années réussissent à améliorer la situation en appliquant ces pratiques simples de gestion et d’alimentation. Dans la plupart des cas, un cheval difficile à nourrir répond favorablement aux ajustements nécessaires.